L’association Alter’Ego a été constituée par un collectif d’habitants d’Aurignac et des villages alentour suite à l’annonce de l’ouverture d’un PRAHDA (programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile) à l’automne 2017.
Le centre d’hébergement prévoit l’accueil de 59 personnes, soit environ 15 familles, ce qui représente actuellement 5% de la population totale du village. Les personnes accueillies au PRAHDA, le sont pendant la durée d’instruction de leur demande d’asile : leur séjour à Aurignac varie de quelques jours à plusieurs années.
Les objectifs de l’association sont de :
- Faciliter l’insertion sociale des migrants en les aidant à répondre à leurs besoins
- Favoriser les échanges et créer du lien avec la population et les associations locales
- Proposer des activités ou événements à caractère culturel / sportif / social ;
Plus d’une centaine de personnes se sont rapidement mobilisées et organisées au sein de commissions thématiques : apprentissage du français, transport, activités culturelles, équipement matériel, aide alimentaire, accueil/lien social et relations avec les partenaires.
Toutes les activités mises en œuvre ou envisagées le sont non seulement en faveur des familles migrantes mais également en faveur des autres Aurignacais-es. En effet, au-delà de l’aide directement apportée aux résidents du PRAHDA, l’objectif est de créer les conditions pour que des publics de cultures différentes puissent se rencontrer.
Concrètement, l’association a mis en place un lieu d’accueil au centre du village, composé de deux espaces distincts regroupés à une même adresse :
– Une “Donnerie” qui répond aux besoins matériels des habitants. Dans cette partie du local, animée par des bénévoles d’Alter’Ego trois fois par semaine, tout Aurignacais, résident provisoire ou permanent, peut donner ce qu’il peut et prendre ce dont il a besoin (vêtements, chaussures, vaisselle, petit équipement) sans contrepartie.
– Un café solidaire, espace d’accueil, d’information et de rencontre, lui aussi ouvert à tout un chacun. Ce lieu de convivialité et de sociabilité a pour nom “L’Abri“, ce qui, au-delà de la dimension chaleureuse et protectrice évoquée, fait écho à l’histoire, ou plutôt la préhistoire, d’Aurignac. Les demandeurs d’asile comme les autres personnes peuvent s’y retrouver pour partager un café, discuter et mettre en pratique les leçons de français, faire des jeux de société ou encore naviguer sur Internet.
Certains mercredis, des bénévoles y organisent des ateliers : contée, confection de sablés, jeux de société, photographie, ateliers couture, etc
Des cours de français, un atelier de discussion et du soutien scolaire sont dispensés par des intervenants bénévoles plusieurs fois par semaine dans le cadre de cours collectifs : au-delà de l’apprentissage de la langue, ces séances sont aussi l’opportunité d’appréhender les usages et codes culturels français.
Un autre volet concerne l’organisation de co-voiturage en vue de rendez-vous administratifs ou médicaux, car Aurignac, situé en zone rurale, est très peu desservi par les transports en commun.
Depuis 2021, l’association a ajouté à ces activités régulières l’encadrement d’un chantier de « débroussaillage » : une fois par semaine des bénévoles du PRAHDA et du reste du village s’attèlent ensemble à la mise en valeur du coteau Nord d’Aurignac, pour retracer d’anciens sentiers ou découvrir une partie médiévale jusqu’alors envahie par la végétation.
C’est grâce au travail effectué par ce groupe qu’ont pu être retrouvés les anciens jardins en terrasse du presbytère.
Depuis 2022, en partenariat avec la mairie d’Aurignac et le Tiers-Lieu « la Cafetière », Alter’Ego anime sur ce lieu des jardins partagés : là encore, résidents du PRAHDA et autres habitants se côtoient pour échanger des savoir-faire, des légumes et des coups de main.
En plus de toutes ces activités régulières et pérennes Alter’Ego s’efforce de multiplier les rencontres entre les familles résidant au PRAHDA et les autres, à l’occasion des différentes manifestations locales : fête de la St-Martin, exposition à St-Martory, course de caisses à savon, trail des Aurigines, visite du musée-forum d’Aurignac et participation aux ateliers organisés par le musée, participation des enfants à des stages « vacances apprenantes » avec la compagnie Baro d’Evel, mise en place d’un tarif préférentiel au cinéma pour l’accès à certaines projections jugées accessibles à un public non francophone etc.
Mais nous organisons aussi des évènements spécifiques : au moment des fêtes de fin d’année, une soirée solidaire autour d’un goûter et d’une auberge espagnole ; en 2021 une exposition photo, en 2022 un repas turquo-kurde ; des journées à la montagne et à la mer, des pique-niques etc.
Une grande partie de ces évènements est relatée sur notre site.
L’association Alter’Ego compte aujourd’hui une centaine d’adhérents. Elle est animée par un noyau d’une trentaine de personnes entièrement bénévoles et très engagées.
Elle peut compter sur des partenariats avec une multitudes d’acteurs locaux : des professionnels, des associations, des troupes de théâtre, les tiers-lieux « La Cafetière » et « La Glissade-Moundo » …
Une grande partie des besoins matériels de l’association est couverte par la récupération, le recyclage d’objets donnés ou prêtés par les sympathisants de l’association. Pour autant des moyens financiers restent nécessaires pour assurer la location de notre local, l’achat de certains matériels, la location de bus et autres services.
Ces besoins n’étant pas entièrement couverts par les adhésions et les dons des adhérents et sympathisants, Alter’Ego n’existerait pas sans l’aide financière la Mairie d’Aurignac.
Elle bénéficie également du soutien de la Région Occitanie et de la Fondation de France dont l’accompagnement a permis la mise en place d’une grande partie de nos actions depuis 2022.
Le calendrier du projet
Toutes les activités mises en œuvre ont un caractère permanent. Pour rappel, le PRAHDA fait l’objet d’une première convention de cinq ans entre Adoma, le gestionnaire et l’Etat.
L’assemblée générale constitutive de l’association Alter’Ego a eu lieu le 8 septembre 2017 et l’association a été déclarée en préfecture le 26 septembre 2017. Elle dispose d’un numéro SIREN depuis mi-octobre.
Les adhésions ont été officiellement lancées fin octobre.
Pour ce qui concerne les activités décrites précédemment, la plupart ont démarré entre octobre et novembre 2017 : ouverture de la « donnerie » deux puis trois fois par semaine ; aide alimentaire avec l’appui des Restos du Coeur ; co-voiturage vers Boussens, Saint-Gaudens et Toulouse ; lancement des cours de français ; premières sorties culturelles et soirées conviviales. L’ouverture de « L’Abri » a quant à elle eu lieu pour la semaine du 20 novembre.
Comment l’idée est née ?
En juillet 2017, une réunion publique a été organisée par le maire d’Aurignac afin d’informer la population du contexte et des enjeux liés à l’ouverture du PRAHDA en septembre 2017 (date initialement prévue) dans le village. Les autorités étaient représentées par Marie-Paule Demiguel sous-préfète, Jean-Michel Losego maire d’Aurignac, Bertrand Le Roy, directeur départemental de la cohésion sociale et Michel Kessouari, directeur d’Adoma.
Au cours de cette réunion, il a été confirmé que la commune n’avait pas été à l’initiative de l’ouverture du centre d’hébergement mais qu’il était de sa responsabilité de faire en sorte qu’elle se passe au mieux, tant au niveau des familles accueillies que de la population.
Plusieurs dizaines d’habitants d’Aurignac et des villages alentours étaient présents dans l’assemblée. Parmi eux, un certain nombre de personnes étaient déjà investies au sein de l’association Entra’mi (Entraide Migrants), constituée dans la commune de Saint-Martory, où un Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA) a été ouvert en 2016.
Forts de leur expérience, ces bénévoles, rejoints par de nombreuses autres personnes, ont proposé de se réunir avant l’arrivée des premières familles migrantes afin de réfléchir à la pertinence de mettre en place un collectif citoyen visant à accompagner l’arrivée des demandeurs d’asile et à faciliter leur insertion dans la vie locale.
Deux rencontres ont ainsi été organisées entre fin août et mi-septembre 2017, qui ont conduit à la création d’Alter’Ego. Le projet associatif a été validé par l’assemblée générale avant d’être décliné en axes d’intervention validés par le Conseil d’administration, lequel est composé du Bureau (cinq personnes) et des référents de chacune des commissions thématiques.